À la ligne: Feuillets d'usine - PONTHUS Joseph

Couverture À la ligne: Feuillets d'usineA la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. C'est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l'odeur de la mer. Par la magie d'une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de boeufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.

Biographie de l'auteur

Joseph Ponthus-Le Gurun, (1978-2021),  est un écrivain français.
Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de 10 ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié "Nous... La Cité" (Éditions Zones, 2012). Il chroniquait également, jusqu’en 2015, le quotidien de sa vie "d’éducateur de rue" dans le journal libertaire Article 11.
Ancien ouvrier dans le secteur alimentaire, Joseph Ponthus a écrit son premier roman, un livre sans ponctuation qui se lit comme un long poème témoignant du quotidien à l'usine, de la pénibilité du travail et des divagations induites, intitulé "À la ligne" (2019).
Ce roman remporte le Grand Prix RTL-Lire 2019.
Il vit et travaille en Bretagne. Joseph Ponthus mort en février 2021 des suites d'un cancer à 42 ans.

Date première édition: janvier 2019

Editeur: Table ronde

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (2 notes)

Enregistré le: 01 octobre 2019



Michel G.
Appréciation de lecture
À la ligne: Feuillets d'usine
Appréciation : 6 / 10
Commentaire #2 du : 10 novembre 2019
Chère Gislaine, je ne voudrais surtout pas passer pour un rabat-joie ! 10/10, diantre, c'est un coup de foudre magistral où je ne m'y connais pas !!!
D'accord pour le rendu (très) réaliste et quelque peu glaçant, évocateur, révoltant de la vie d'un intérimaire dans une usine de poisson ou un abattoir de Bretagne. D'accord pour le style original du roman : on s'habitue très bien à l'absence totale de ponctuation.
Mais l'auteur -très cultivé- n'a passé que quelques mois dans ce milieu où beaucoup d'ouvriers n'ont d'autre choix que d'y passer (péniblement) toute leur vie. La narration est un peu redondante et si quelques traits d'humour et quelques citations sont les bienvenues , on peut tout aussi bien relever quelques formules ou narrations dénuées de délicatesse ou de sens.
Mais ce roman (j'allais dire demi-roman tant les lignes sont courtes) se lit très rapidement, c'est déjà ça...
Côté poésie, on a le droit de préférer le grand Jacques (Prévert).
Gislaine
Appréciation de lecture
À la ligne: Feuillets d'usine
Appréciation : 10 / 10
Commentaire #1 du : 03 octobre 2019
Un véritable Coup de Coeur !

Ce roman autobiographique est vraiment atypique. Le style est à mi-chemin entre la prose et la poésie. Il n'y a pas de ponctuation. L'écriture est cadencée comme une chaine de production industrielle.
Joseph Ponthus nous raconte sa condition d'intérimaire dans une conserverie de poissons puis à l'abattoir.
C'est du ZOLA au XXIeme siècle : la souffrance du corps, les horaires décalés, la précarité, les dimanches trop court, les matins difficiles, l'angoisse de perdre son travail qui permet de payer les factures ...

Heureusement, il a des atouts pour supporter tout cela : des études, une famille et surtout la lecture des oeuvres des grands écrivains. Une chanson ou une réflexion peuvent l'accompagner tout au long de sa journée et l'aider à s'évader puisque le corps est prisonnier.

Une écriture à vif, pertinente, réaliste et parfois humoristique.
Un roman à lire assurément.

Extraits
Je me souviens de la vanne à la con
« C'est quoi la différence entre un ouvrier et un intellectuel
L'ouvrier se lave les mains avant d'aller pisser
L'intellectuel après »

À l'usine on chante
Putain qu'on chante
On fredonne dans sa tête
On hurle à tue-tête couvert par le bruit des machines
On sifflote le même air entêtant pendant deux heures
On a dans le crâne la même chanson débile entendue à la radio le matin
C'est le plus beau passe-temps qui soit
Et ça aide à tenir le coup Penser à autre chose
Aux paroles oubliées
Et à se mettre en joie

Clin d'oeil à Marcel Proust :
Le temps perdu
Cher Marcel je l’ai trouvé celui que tu recherchais
Viens à l’usine je te montrerai vite fait
Le temps perdu
Tu n’auras plus besoin d’en tartiner autant

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