Dans la mer il y a des crocodiles : L'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari - GEDA Fabio

Couverture Dans la mer il y a des crocodiles : L'histoire vraie d'Enaiatollah AkbariDix ans, ou peut-être onze. Enaiat ne connaît pas son âge, mais il sait déjà qu'il est condamné à mort. Être né hazara, une ethnie haïe en Afghanistan par les Pachtounes et les talibans, est son seul crime. Pour le protéger, sa mère l'abandonne de l'autre côté de la frontière, au Pakistan. Commence alors pour ce bonhomme "pas plus haut qu'une chèvre" un périple de cinq ans pour rejoindre l'Italie en passant par l'Iran, la Turquie et la Grèce. Louer ses services contre un bol de soupe, passer les frontières dissimulé dans le double-fond d'un camion, braver la mer en canot pneumatique, voilà son quotidien. Un quotidien où la débrouille le dispute à la peur, l'entraide à la brutalité. Mais comme tous ceux qui témoignent de l'insoutenable, c'est sans amertume, avec une tranquille objectivité et pas mal d'ironie, qu'il raconte les étapes de ce voyage insensé.

Biographie de l'auteur

Fabio Geda est né en 1972 à en Italie. Éducateur, collaborateur de La Stampa, il a publié deux romans avant d’entendre Enaiatollah Akbari raconter son histoire il y a quelques années au Centre interculturel de Turin. Bouleversé par son récit, séduit par son authenticité, il prend le soir même la décision de bâtir un livre à quatre mains. Depuis sa sortie en avril 2010, ce roman a quatre mains s’est vendu à près de 200 000 exemplaires en Italie et a été traduit en 27 langues.

Date première édition: août 2012

Editeur: Liana Levi

Genre: Reportage , Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (2 notes)

Enregistré le: 02 février 2016



Gislaine
Appréciation de lecture
Dans la mer il y a des crocodiles : L'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #2 du : 12 février 2016
Enaiatollah Akbari, un enfant d'une dizaine d'années, est en danger dans son pays. En danger pour des raisons ethniques car il est Hazara (chiite), une ethnie haïe en Afghanistan par les Pachtounes (sunnites) et les talibans. D'autre part, la famille avait une dette pour le remboursement de marchandises perdues lors du décès du père.

La mère l'accompagne de Nava (près de Kaboul) jusqu'au Pakistan à Quetta et lui demande de partir vers une vie meilleure.

Ainsi commence le périple de ce jeune garçon. De villes en chantiers, Enaiat fera son chemin grâce à un maillage de passeurs jusqu'en Europe, mais c'est son intelligence et sa maturité qui lui permettront d'arriver à son but.

Ce roman est écrit à 4 mains avec un journaliste italien. Je l'ai trouvé très factuel, presque sans émotion. Les scènes sont racontées avec recul. Pas de pathos. Est-ce dû à la langue d'emprunt (l'italien) ? est-ce dû à la distance que veut mettre ce jeune homme de 21 ans qui raconte son histoire quelques années après ? Est-ce dû aux codes et règles de conduite de ce peuple ?

Livre tout public : à découvrir.

Extrait :
pour souligner mon propos concernant l'émotion, voilà ce que dit l'auteur qui ne veut pas d'interprète italien :
1 -- Quand tu t'adresses directement aux gens, tu transmets une émotion plus intense, même si les mots sont incertains, que la cadence est différente. Dans tous les cas, le message qui arrive ressemble plus à celui que tu as en tête, comparé à ce que pourrait répéter un interprète - non ? parce que de sa bouche ne sortent que des mots, pas des émotions. Les mots ne sont qu'une coquille.

2 -- Ça se passe comme ça chez nous.
Les talibans ont un dicton : aux Tadjiks le Tadjikistan, aux Ouzbeks l’Ouzbékistan, aux Hazaras le Goristan. Gor signifie tombe.

3 -- "Khasta kofta" signifie fatigué comme une boulette parce que chez nous, quand les femmes préparent les boulettes de viande, elles les battent encore et encore et encore, très longtemps dans le creux de la main. Je me sentais dans cet état-là, comme si un géant s'était emparé de moi pour me transformer en boulette : j'avais mal à la tête, aux bras et à un endroit que je ne saurais pas identifier, entre les poumons et l'estomac.

4 -- Quand le premier m'a dit qu'il était français, j'ai dit : Zidane. Puis quand le deuxième m'a dit qu'il était brésilien, j'ai dit : Ronaldinho. C'est tout ce que je connaissais de leurs pays, je voulais leur faire comprendre que je les appréciais. Ils m'ont demandé d'où je venais. J'ai répondu ; Afghanistan. Ils ont dit : Taliban, taliban. C'est tout ce qu'ils connaissaient de mon pays.
Pomah
Appréciation de lecture
Dans la mer il y a des crocodiles : L'histoire vraie d'Enaiatollah Akbari
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 02 février 2016
Enaiat, va partager avec l'écrivain, le récit de ses terribles années, son courage et sa détermination, et sans doute aussi, une très grande intelligence l'amèneront au but - mais à quels prix – louer ses services contre un repas, travailler des heures pour récupérer l'argent afin de payer les passeurs – se faire petit pour se faire oublier – penser à sa famille, ne plus sentir qu'on l'aime, mais avancer coûte que coûte – et au fil des jours, grandir le plus humainement possible, avec sobriété,

- il doit être riche ce garçon, riche dans son cœur, dans son corps –

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