Les enfants de la Volga - IAKHINA Gouzel

Couverture Les enfants de la Volga

Nous sommes dans la région de la Volga, dans les premières années de l’URSS, en 1920-1930. Jakob Bach est un Allemand de la Volga : il fait partie des descendants des Allemands venus s’installer en Russie au XVIIIe siècle.
Bach est maître d’école dans le village de Gnadenthal, une colonie située sur les rives du fleuve. Un mystérieux message l’invite à donner des cours à Klara, une jeune fille vivant seule avec son père sur l’autre rive de la Volga. Bach et Klara tombent amoureux, et après le départ du père, ils s’installent ensemble dans la ferme isolée, vivant au rythme de la nature. Un jour, des intrus s’introduisent dans la ferme et violent Klara. Celle-ci mourra en couches neuf mois plus tard, laissant Bach seul avec la petite fille, Anntche.
Après la mort de Klara, Bach s’éloigne du monde et perd l’usage de la parole. Tout en élevant l’enfant, il écrit des contes, qui de manière étrange et parfois tragique s’incarnent dans la réalité à Gnadenthal. Un autre enfant fait alors son apparition à la ferme : Vasska, un orphelin vagabond qui bouleversera la vie d’Anntche et Bach…

Biographie de l'auteur

Gouzel Iakhina est née en 1977 à Kazan, au Tatarstan (Russie).
Elle a étudié l’anglais et l’allemand à l’université de Kazan, puis a suivi une école de cinéma à Moscou, se spécialisant dans l’écriture de scénarios. Elle a publié dans plusieurs revues littéraires, comme Neva ou Oktiabr. Zouleïkha ouvre les yeux est son premier roman. Elle vit aujourd’hui à Moscou, avec son mari et sa fille.

Date première édition: août 2021

Editeur: Noir Blanc

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 12 janvier 2022



Marinette
Appréciation de lecture
Les enfants de la Volga
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 08 mars 2022
Je vous avais fait part de mon coup de cœur pour le 1er roman de Gouzel Iakhina, paru en 2017 "Et Zouleikha ouvre les yeux". Je ne pouvais manquer le 2eme roman de cette jeune écrivain " Les enfants de la Volga", paru et août 2021, sous le titre russe de "mes enfants".

C'est par cette lecture que j'ai découvert l'existence de colons allemands (plus de 20.000), arrivés en Russie, au bord de la Volga, au XVIIIe siècle, à l'instigation de l'impératrice Catherine II. Comme l'explique la traductrice, jusqu'au 20eme siècle, ils auront conservé leur religion, leur langue, leur culture et traditions, tout en faisant prospérer cette région de Russie, avant de connaître collectivisation, tentative d'assimilation (avec la création d'une république soviétique autonome des Allemands de la Volga), spoliations, arrestations et déportations, sous l'ère stalinienne.

Au travers de la vie de Jacob Bach, instituteur solitaire dans l'école de Gnadenthal, Gouzel Iakhina retrace la vie de 1920 à 1940 de cette communauté jusqu'à son extermination.
Tout commence par la naissance, telle que dans un conte de fée, d'une histoire d'amour entre Jacob et Klara, sa jeune élève de 17 ans, promise à un mariage arrangé par son père.
Klara échappera à l'emprise de son père, et le couple s'installe, en harmonie avec la nature, dans la ferme isolée et abandonnée par le père autoritaire. Seule ombre à leur vie en autarcie, Klara n'arrive pas à tomber enceinte.
Violée par un maraudeur, le corps de Klara se transforme, Jacob l'accompagne dans sa grossesse, mais Klara mourra en couches, laissant Jacob seul pour s'occuper d'Anna/ Anntche, isolé du monde et perdant l'usage de la parole.

Pour pouvoir nourrir l'enfant, il écrit des contes, qu'il fournit au commissaire du peuple Hoffman, ce dernier les faisant publier dans un journal local, sous pseudonyme.
Jacob essaie de préserver celle qu'il considère comme sa fille, sans tout comprendre des évolutions de la tumultueuse histoire soviétique, quand un jeune vagabond va s'immiscer dans leur vie silencieuse.
Et c'est le jeune Vasska qui va apprendre à parler à Anna. Jacob va petit à petit considérer également Vasska comme son fils. Mais les 2 enfants rejoindront l'internat de la ville la plus proche, pour être éduqués comme des petits pionniers soviétiques, laissant Jacob, à sa solitude, vieillissant et envahi en même temps par un sentiment d'indifférence.

La description de la nature est omniprésente au fil des saisons, au bord de la Volga." La terre, de ce côté, était d'un goût amer, trouée par les "sousliks"/petits rongeurs entre marmotte et écureuil/ ; les herbes poussaient hautes et drues, les arbres- trapus et rares. Champs et melonnières couraient vers l'horizon, bariolés comme une couverture bachkire. ...... La steppe exhalait un air brûlant, épicé, de désert turkmène et de Caspienne salée ".

Les chapitres de la vie de Jacob alternent avec des chapitres historiques, surprenant décalage entre le quotidien de Jacob et les incursions anecdotiques dans le quotidien de Staline.

Et si je ne suis pas friande de littérature fantastique, le recours à ce procédé, pour découvrir les restes d'histoire figés dans les profondeurs glacées de la Volga, permet peut-être de prendre de la distance avec les tragédies humaines enfouies.
Par son écriture poétique, onirique, très sensible, ce roman est riche, c'est à la fois un conte et des pages d'histoire et de sociologie.
Un grand talent littéraire assurément que Gouzel Iakhina !
Dernière édition : 08 mars 2022, 15:06:30 par moderateur  

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