Pas pleurer - SALVAYRE Lydie

Couverture Pas pleurer

Prix Goncourt 2014 - Deux voix entrelacées. Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationalistes avec la bénédiction de l'Eglise catholique contre les " mauvais pauvres ". Son pamphlet, Les Grands cimetières sous la lune, fera bientôt scandale. Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et " mauvaise pauvre ", qui, soixante-dix ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l'insurrection libertaire par laquelle s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne, des jours que l'adolescente qu'elle était vécut dans la candeur et l'allégresse dans son village de Haute Catalogne. Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par l'art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.

Biographie de l’auteur

Lydie Salvayre est née (Lydie Arjona) en 1946 d'un père Andalou et d'une mère catalane, républicains réfugiés en France en février 1939, Elle passe son enfance près de Toulouse.
Après une Licence de Lettres modernes à l'Université, elle fait ses études de médecine à la Faculté de Médecine de Toulouse, puis son internat en Psychiatrie. Elle devient pédopsychiatre, et est Médecin Directeur du CMPP de Bagnolet pendant 15 ans.
Lydie Salvayre est l'auteur d'une vingtaine de livres traduits dans de nombreux pays et dont certains ont fait l'objet d'adaptations théâtrales. Son style mâtiné d'espagnol rajeunit le français.
La Déclaration (1990) est saluée par le Prix Hermès du premier roman, La Compagnie des spectres (1997) reçoit le prix Novembre (aujourd'hui prix Décembre), BW (2009) le prix François-Billetdoux et Pas pleurer (2014) a été récompensé par le prix Goncourt 2014.

Date première édition: août 2014

Editeur: Seuil

Genre: Roman , Roman historique

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (3 notes)

Enregistré le: 02 mai 2015



Gislaine
Appréciation de lecture
Pas pleurer
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #3 du : 09 novembre 2020
Lydie Salvayre raconte trois années de la vie de sa maman pendant la guerre d'Espagne (1936-1939).

Plutôt qu'écrire une biographie, l'auteur nous propose un roman original à 2 voix :
- les souvenirs de sa mère Montse, adolescente qui milite pour la jeune république et la liberté individuelle et
- les propos de Georges Bernanos constatant la terreur exercée par les nationalistes et soutenue par l’Église

L'écriture est originale et sensible. Les expressions espagnoles parsemées dans le texte donnent une dimension authentique aux souvenirs. Cette période est terrible. De nombreux pays fascistes soutiennent et aident les nationalistes. Peu a peu les républicains perdent du terrain, le combat est inégal et la meilleure issue est l'exil (qui ne sera pas relaté dans le roman).
La dictature de Franco se terminera en 1975.

Un roman instructif et bien écrit que je recommande.

Extraits :
José marmonne entre ses dents que de toutes les oppressions qui existent, celle infligée par les mères est la pire de toutes. La plus universelle. La plus insidieuse. La plus efficace. La plus despotique. Et celle qui nous prépare lentement mais sûrement à encaisser toutes les autres.
Tu vas te taire ! lui ordonne la mère.
José obtempère en prenant l’air stoïque. Car José est au fond très soumis à sa maman.

« Ces jeunes Don Quichotte, qui partent au combat chaussés de pauvres espadrilles et vêtus de pauvres vareuses en coton, ne connaissent rient des usages de la guerre, de sa démence aveugle, de sa répugnante, de son atroce sauvagerie. »
Marie-Claire
Appréciation de lecture
Pas pleurer
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #2 du : 16 juillet 2015
C'est un roman à deux voix
La narratrice laisse la parole à sa mère Montse qui raconte" cet été 36, où la vie et l'amour la prirent à bras- le- corps, cet été où elle eut l'impression d'exister pleinement et en accord avec le monde, cet été de jeunesse totale [...] et à l'ombre duquel elle vécut peut-être le restant de ces jours [...] , cet été radieux que j'ai mis en sûreté dans ces lignes puisque les livres sont faits, aussi, pour cela."
La deuxième voix est celle de Bernanos qu'elle évoque en parallèle, Bernanos témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce les horreurs du nationalisme soutenus par l'Eglise, dans "Les Grands cimetières sous la lune"
"L'été radieux de ma mère, l'année lugubre de Bernanos dont le souvenir resta planté dans sa mémoire comme un couteau à ouvrir les yeux: deux scènes d'une même histoire, deux expériences, deux visions qui depuis quelques mois sont entrés dans mes nuits et mes jours , où, lentement, elles infusent"
Beau livre sur la guerre civile espagnole vécue et restituée en direct grâce à la voix de la mère qui souvent recourt à l'espagnol pour mieux communiquer ses émotions.
Patricia MB
Appréciation de lecture
Pas pleurer
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 02 mai 2015
A travers le récit véridique d'une femme encore vivante dont sa fille se fait aujourd'hui le témoin,voici un formidable roman qui permet à lui seul de connaître dans ses moindres détails la montée du franquisme en Espagne et l'horreur de la guerre civile des années 1936-39,période timidement abordée par les media et les programmes scolaires.

Pour les lecteurs sensibilisés, tout y est ; pour les autres c'est l'occasion de découvrir.

L'écriture est libre, parfois déroutante surtout lorsque les nombreuses expressions en espagnol envahissent le récit.
Comment ne pas faire le parallèle avec notre époque, en matière de fanatisme religieux ?

Cette lecture est à compléter par celle de Bernanos "les grands cimetières sous la lune" puisque la référence y est constante. L'auteur l'ayant elle-même inclus dans son récit.

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