Plage des Sablettes, souvenirs d'épaves - MALTE Marcus

Couverture Plage des Sablettes, souvenirs d'épaves

Je longe le boulevard Toussaint-Merle. A ma gauche, qui s'étend sur des hectares et des hectares, la morne plaine, le terrain vague qu'est devenu l'ex-site de construction navale. Le bagne de plusieurs générations de Seynois. Comment se fait-il qu'on l'ait tant pleuré ? Seul demeure le portique de l'entrée principale. Monument historique, ou quelque chose dans ce goût. Nul doute que les fils des fils de nos fils ne sauront plus que cela a existé. Ce qui ne sera pas plus mal. Tournons-nous vers l'avenir.

Biographie de l’auteur

Marcus Malte a écrit : Toute la nuit devant nous, Intérieur nord (Prix du Rotary Club de la nouvelle) Garden of love (Prix des lectrices de Elle, catégorie policière).

Date première édition: mai 2005

Editeur: Autrement

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 6 / 10 (1 note)

Enregistré le: 31 octobre 2009



Michel-Henri
Appréciation de lecture
Plage des Sablettes, souvenirs d'épaves
Appréciation : 6 / 10
Commentaire #1 du : 01 novembre 2009
Trop de clichés tuent le cliché !

C'est fou ce qu'on peut faire avec un tas de poncifs ressassés jusqu'à la corde. Cette écriture là, ça me fait penser à l'Arte Povera. On récupère un tas de choses informes voir complètement déglinguées. On mélange tout ça au petit bonheur la chance ? Non, il y a là derrière la patte de l'artiste.
Marcus Malte nous fait pénétrer dans un univers étrange. L'atmosphère : un ciel gris, bas, la pluie, une mer glauque, des friches industrielles … Où sommes-nous ? Quelque part dans un port de la mer du Nord, dans une ambiance à la Simenon ? Non pas du tout, l'auteur situe l'action à la Seyne sur Mer. C'est le côté autobiographique de la chose. Il veut absolument nous parler de sa ville. Et sa ville, celle qu'il connaît depuis son enfance, elle est loin des cartes postales. Ici quand il y a des palmiers, ils sont forcément déchirés par la pluie battante sous un ciel de tempête. Il y a un goût de vase et de rouille qui traîne partout comme le malheur. Les rares évocations des touristes ne servent qu'à renforcer ce sentiment d'abandon. Les gens qui vivent là sont tous des déracinés et le lieu emblématique qui les réunis, les chantiers navals, n'est plus qu'un souvenir.

Il n'y avait qu'une famille qui semblait heureuse dans ce décor, qui avait intégré et qui c'était intégrée à ce décor. Il y avait aussi l'amitié profonde entre deux garçons. Mais de même que derrière le soleil du midi, nous trouvons comme envers du décor une ville abandonnée, derrière les bons sentiments se cachent la noirceur des ressorts psychologiques et la main aveugle du destin. Accident ou meurtre ? L'important n'est plus là, dans ce décor de malheur, il fallait que l'ange meure.

Et puis il y a les photos. Elles sont loin des clichés. On pourrait toutes ou presque, les légender ainsi : « Accident industriel »

Extraits :

« Mais c'est, hélas, la première image de lui qui me vient. Celle qui surclasse les autres, et souvent les abolit. Il n'y a pas moyen de lutter contre ça. Je me penche, je regarde le sable et ce qui se dessine alors est sa grimace, son masque macabre.
Et cela même, au bout de vingt-sept années, qui s'en souvient encore ? Je dirais qu'il n'y a plus que deux personnes au monde : moi et son assassin.
Son assassin et moi. » (p.23)

« Lorsque j'ai relevé les paupières, la troisième fois, Paul était à nouveau tourné vers moi. Sourire radieux. Nez retroussé. Pistolet tendu au bout de son bras. Ses paroles se sont faufilées entre le bruit du ressac et le souffle continu du mistral.
–À toi ! Il a dit. Vas-y, essaie, c'est géant !
J'étais son ami. Il partageait. Normal. » (p.85)

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