La Plaisanterie - KUNDERA Milan

Couverture La Plaisanterie

La révolution communiste en Tchécoslovaquie évoquée à travers les existences croisées de cinq acteurs anonymes des évènements. L'exaltation révolutionnaire à ses débuts ; la logique du parti stalinien, implacable et aveugle ; la perte des illusions et la détente idéologique de la déstalinisation qui précède l'invasion russe de 1968

Biographie de l’auteur

Date première édition: août 1985

Editeur: Gallimard

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8.50 / 10 (2 notes)

Enregistré le: 01 décembre 2009



Nedelec
Appréciation de lecture
La Plaisanterie
Appréciation : 9,5 / 10
Commentaire #2 du : 05 janvier 2010
comité de lecture septembre 2009Soumis par NEDELEC, Jérémi... le 10 septembre, 2009 - 16:29.

Ce roman édité en France en 1968 n'a pas tant vieilli, preuve les propos de l'ennemi juré Zemanek lors de sa rencontre avec Ludvik au sujet de la nouvelle génération : "Je les admire justement parce qu'ils sont différents de nous. Ils aiment leur corps. Nous l'avions négligé. Ils aiment les voyages. nous nous encroutions. Ils aiment les aventures. Nous avons perdu notre temps en réunions, ils aiment le jazz. Nous avons sans succès copié leur folklore. Ils s'occupent d'eux-mêmes, nous voulions sauver le monde; nous avons failli, avec notre messianisme, le détruire. Peut-être qu'avec leur égoïsme, eux le sauveront." Ou quand Jaroslav discute avec un grand-père à propos de la Chevauchée du Roi, fête qui clôt le roman dans une sorte d'apothéose : " Ma foi, grand-père vous avez raison. Nous nous crevions à organiser des fêtes populaires. Seulement, une source, on ne peut pas l'organiser. Ou bien elle gicle, ou bien elle n'est pas. Vous voyez, grand-père, où nous en sommes : nos petites chansons, nos chevauchées et tout, c'est de l'essorage. Les dernières gouttes, des gouttelettes, les toutes dernières." p335. Il n'est pas anodin que le mot "ambulance" clôt le roman, mais au-delà de la fête collective organisée par le régime stalinien, ce roman est prophétique car il raconte une sorte de dévastation du monde. Et puis, il y a la dimension du pardon, de l'oubli fatal chers à Kundera. Un roman comme on en fait plus ?
Gislaine
Appréciation de lecture
La Plaisanterie
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 30 décembre 2009
Résumé :

Année 1951, Ludvik est étudiant et milite au parti communiste dans son pays la Tchécoslovaquie. Il envoie (pour s’amuser) une carte postale à une copine qui effectue un séminaire communiste :
« L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie ! Vive Trotski ! ».
La riposte ne se fera pas attendre : Ludvik sera exclu du Parti, renvoyé de l'Université et enrôlé de force dans un bataillon disciplinaire « les noirs » (déviants politiques).
A partir d'une simple plaisanterie, Kundera croise le destin de plusieurs personnages sur fonds historique de régime communiste. Le roman se déroule sur 3 jours (le retour de Ludvik dans son village natal) mais chaque personnage raconte une tranche de 15 années d’existence.

Ludvik, le narrateur principal, raconte les travaux forcés dans une mine à Ostrava et son désir de vengeance.
Jaroslav, son meilleur ami, musicien, socialiste par obligation, est passionné de traditions populaires de Moravie.
Helena, dont le mari a participé au renvoi de Ludvik, fera les frais d’une vengeance. Ludvik, par haine la séduit et l’abandonne à son désespoir.
Kostka, exclu lui aussi du Parti, apporte à l’histoire un point de vue religieux.

Critique :
C’est un livre passionnant qui relate une vie dévastée avec dommages collatéraux.
La portée philosophique, nous appelle à comprendre que nos actes ne sont pas modifiables, que la mémoire peut nous jouer des tours, qu’on ne plaisante pas avec le communisme, (même s'il deviendra complètmement dépassé) et que la vengeance que nous manigançons peut se retourner contre nous.

Même si Milan Kundera ne se reconnait pas comme un auteur historique, il puise le contexte dans le régime communiste des années 50.

Quelques morceaux choisis :
« Toutes les situations capitales de la vie sont pour une fois, sont sans retour. Pour qu’un homme soit un homme, il faut qu’il soit pleinement conscient de ce non-retour. Qu’il ne triche pas »

« L’époque révolutionnaire après 1948 n’avait pas grand-chose de commun avec le scepticisme ou le rationalisme. C’était le temps de la grande foi collective …/... l’homme renonçait à son moi, à son intérêt, à sa vie privée, pour quelque chose de plus élevé, de supra-personnel.»

« La planète où nous vivons est la zone frontalière entre le ciel et l’enfer. Nulle action n’est en soi bonne ou mauvaise. Seule sa place dans l’ordre la fait bien ou mal ».
Dernière édition : 03 février 2010, 11:06:35 par moderateur  

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