Les soleils des indépendances - KOUROUMA Ahmadou

Couverture Les soleils des indépendances

Prix de la revue québécoise Études françaises (1968), Prix Maillé-Latour-Landry de l’Académie française (1970).
Quel sera le sort de Fama, authentique prince malinké, aux temps de l'indépendance et du parti unique ? L'ancien et le nouveau s'affrontent en un duel tout à la fois tragique et dérisoire tandis que passe l'histoire, avec son cortège de joies et de souffrances.
Au-delà de la fable politique, Ahmadou Kourouma restitue comme nul autre toute la profondeur de la vie africaine, mêlant le quotidien et le mythe dans une langue réinventée au plus près de la condition humaine. Dès sa parution en 1970, ce livre s'est imposé comme un des grands classiques de la littérature africaine.

Biographie de l'auteur

Ahmadou Kourouma (1927-2003), né au nord de la Côte d'Ivoire, est un écrivain d’origine malinké, une ethnie présente dans différents pays d’Afrique de l’Ouest. Son nom signifie « guerrier » en langue malinké. Élevé par un oncle, il suit des études à Bamako au Mali. De 1950 à 1954 (pendant la colonisation française), il est « tirailleur sénégalais » en Indochine avant de rejoindre la métropole pour suivre des études de mathématiques à Lyon en France.
En 1960, lors de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, il revient vivre dans son pays natal, mais est très vite inquiété par le régime du président Félix Houphouët-Boigny. Il connaît la prison avant de partir en exil dans différents pays, en Algérie (1964-1969), Cameroun (1974-1984) et Togo (1984-1994) avant de revenir vivre en Côte d’Ivoire.
Ahmadou Kourouma fait partie des premiers écrivains qui se sont révoltés contre les dictateurs. En 1970, il publie son premier roman Les soleils des indépendances qui porte un regard très critique sur les gouvernants de l’après-décolonisation. Pour ce roman, il a reçu trois prix
Vingt ans plus tard, il publie son deuxième livre Monnè, outrages et défis, où il retrace un siècle d’histoire coloniale. En 1994, il publie En attendant le vote des bêtes sauvages qui raconte l’histoire d’un chasseur de la « tribu des hommes nus » qui devient dictateur. À travers ce roman, qui obtiendra le Prix du Livre Inter, on reconnaît facilement le parcours du chef d'État togolais Gnassingbé Eyadéma. En 2000, il publie Allah n’est pas obligé qui raconte l’histoire d’un enfant orphelin qui parti rejoindre sa tante au Libéria devient un enfant soldat. Ce livre obtiendra le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens.
Lorsqu’en septembre 2002, la guerre civile éclate en Côte d’Ivoire, il prend position contre l’ivoirité, « une absurdité qui nous a menés au désordre » et pour le retour de la paix dans son pays. Il sera accusé par les journaux partisans du président Laurent Gbagbo de soutenir les rebelles du nord.
Au moment de sa mort, il travaillait à la rédaction d’un nouveau livre Quand on refuse on dit non, une suite d’Allah n'est pas obligé : le jeune héros, enfant soldat démobilisé retourne en Côte d’Ivoire à Daloa et vit le conflit ivoirien. Ce roman sera publié après sa mort.

Date première édition: février 1968

Editeur: Points

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 02 août 2021



Gislaine
Appréciation de lecture
Les soleils des indépendances
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 12 août 2021
Ahmadou Kourouma est né dans une famille princière musulmane de l'ethnie malinké (appelée mandingue ou encore dioula). Ce livre fait en quelque sorte écho à la vie de son grand-père.

Fama est un prince déchu de Togobala et du Horodougou, descendant de Souleymane Doumbouya. Il est le dernier de sa lignée, hélas sans descendance mâle.
Sous la colonisation, il était prospère et vivait du commerce, mais depuis l'indépendance de La Côte des Ebènes (Côte d’Ivoire), il a tout perdu. Il a aussi perdu son rang. Dorénavant le pouvoir politique est aux mains du comité et du parti unique.

Fama vivote en ville. Lorsque au village, son cousin Lacina, chef coutumier, meurt, c'est à lui que revient le royaume. Il s'y rend et découvre que celui-ci est en faillite. Les funérailles durant 40 jours, le lecteur a le temps de faire connaissance avec les anciens, le féticheur et le griot. Fama hérite aussi de la belle Myriam, épouse de son cousin.

De retour en ville, Salimata son épouse, n'approuve pas du tout. Elle a toujours travaillé dur pour nourrir son "prince". Le lecteur découvre le destin bouleversant de cette femme, qui comme beaucoup de femmes africaines a subi l'excision, ce qui explique peut-être son infertilité. Finalement Fama décide de retourner dans son village natal ... mais ...

Le roman satire écrit en français, est raconté à la manière africaine et l'auteur cite avec humour de nombreux proverbes. Deux portraits, deux destins tragiques : Fama et Salimata sont tous les deux victimes des coutumes.

Une réflexion profonde sur les traditions africaines et la fin des illusions concernant l'indépendance et le nouveau pouvoir politique.

Extrait :
Les soleils des Indépendances s'étaient annoncés comme un orage lointain et dès les premiers vents Fama s'était débarrassé de tout : négoces, amitiés, femmes pour user les nuits, les jours, l'argent et la colère à injurier la France, le père, la mère de la France. Il avait à venger cinquante ans de domination et une spoliation. Cette période d'agitation a été appelée les soleils de la politique. Comme une nuée de sauterelles les Indépendances tombèrent sur l'Afrique à la suite des soleils de la politique. Fama avait comme le petit rat du marigot creusé le trou pour le serpent avaleur de rats, ses efforts étaient devenus la cause de sa perte car comme la feuille avec laquelle on a fini de se torcher, les Indépendances une fois acquises, Fama fut oublié et jeté aux mouches.

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