La Place - ERNAUX Annie
Prix Renaudot 1984 «Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide. Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche. Puisque la maîtresse me "reprenait", plus tard, j'ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que "se parterrer" ou "quart moins de onze heures" n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère.
Une autre fois : "Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps !" Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancœur et de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent.
Biographie de l'auteur
Annie Ernaux, née Annie Duchesne en 1940 à Lillebonne (Seine-Maritime), est une femme de lettres française, professeure de lettres.
Elle passe son enfance et sa jeunesse à Yvetot en Normandie. Née dans un milieu social modeste, de parents d’abord ouvriers, puis petits commerçants qui possédaient un café épicerie, elle fait ses études à l’université de Rouen puis de Bordeaux. Elle devient successivement professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes en 1971. Au début des années 1970, elle enseigne au lycée de Bonneville, au collège d’Évire à Annecy-le-Vieux puis à Pontoise avant d'intégrer le Centre national d'enseignement à distance (CNED).
Annie Ernaux fait son entrée en littérature en 1974 avec "Les Armoires vides", un roman autobiographique. En 1984, elle obtient le prix Renaudot pour un autre de ses ouvrages à caractère autobiographique, "La Place".
"Les années", vaste fresque qui court de l'après-guerre à nos jours, publiée en 2008, est récompensée en 2008 et 2009 par plusieurs prix. Cette même année 2008, elle reçoit le Prix de la langue française pour l'ensemble de son œuvre.
En 2011, elle publie "L'Autre fille", une lettre adressée à sa sœur, décédée avant sa naissance. En 2016, elle publie à nouveau un récit autobiographique, "Mémoire de fille", dans lequel, près de soixante ans plus tard, elle se penche sur l'année de ses 18 ans, l'été 1958.
En 2017, elle gagne le Prix Marguerite-Yourcenar, décerné par la Société civile des auteurs multimédia, pour l'ensemble de son œuvre. Son roman "Passion simple" (1992) a été adapté au cinéma en 2020, réalisé par Danielle Arbid. "L'événement", réalisé par Audrey Diwan, a remporté le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2021.
Mêlant expérience historique et expérience individuelle, ses ouvrages dissèquent l’ascension sociale de ses parents (La Place, La Honte), son mariage (La Femme gelée), sa sexualité et ses relations amoureuses (Passion simple, Se perdre, L'Occupation), son environnement (Journal du dehors, La Vie extérieure), son avortement (L'Événement), la maladie d'Alzheimer de sa mère (Je ne suis pas sortie de ma nuit), la mort de sa mère (Une femme) ou encore son cancer du sein (L'Usage de la photo, en collaboration avec Marc Marie).
Son œuvre littéraire entretient des liens étroits avec la sociologie.
En 2022, elle reçoit le Prix Nobel de Littérature pour "le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle".
Date première édition: mars 1983
Editeur: Folio
Genre: Roman
Mots clés :
Notre avis : 8 / 10 (1 note)
Enregistré le: 04 novembre 2018
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 09 novembre 2018