Les amis de la bibliothèque

Un court roman mais tellement percutant. Un de ses livres qui vous marque et auquel souvent on pense. Le procédé littéraire déjà est relativement original. Le héros narrateur s'adresse à son avocat commis d'office et au psychiatre dans un long monologue où l'intervention de l'interlocuteur est juste suggérée. C'est bien fait, bien construit. Nous suivons pas à pas l'itinéraire de ce jeune révolté, cet adolescent issu de la classe moyenne tunisienne. La misère est moins dans la rue que dans les cœurs. Suite aux printemps arabes la Tunisie n'a pas trouvé la voix de la liberté mais la violence d'une société qui ne croit plus en elle-même, qui ne croit plus en un souffle collectif. Au contraire nous trouvons l'addition des égoïsmes, de la corruption, de l'individualisme consumériste des classes moyennes. Même sa mère va le trahir.
Lui qui avait trouvé refuge dans les livres et surtout dans son amour pour Bella ne pardonnera pas la mort qu'on lui a infligée, le mal qu'on lui a fait. Ce qui l'habite c'est la rage, une colère inextinguible, il le sait, et d'ailleurs il ne réclame aucune clémence pour lui, ce serait faire injure à sa révolte, au contraire il revendique sa peine. Puisqu'à l'écart de la société il ne lui restera plus qu'un ultime refuge, les livres. Dans ce sens c'est une révolte nihiliste, il n'en attend rien, ne nous promet pas des lendemains qui chantent. Elle se nourrit d'elle-même à n'a plus d'autres raisons d'être que justifier la survie du héros.