Chaka : Une épopée bantoue - MOFOLO Thomas

Couverture Chaka

Chaka est le livre le plus célèbre de l'écrivain de langue souto, Thomas Mofolo. C'est une épopée inspirée de la vie réelle de Chaka (1786-1828) qui fonda un véritable empire en Afrique australe avant d'être assassiné par ses frères.

Voici ce qu'écrit J.M.G. Le Clézio de ce livre où l'épopée est faite de la naissance d'un peuple : "L'on entend ici la voix des pasteurs bassoutos, leurs paroles à la fois cérémonieuses et pleines d'humour ; l'on entend la voix des conteurs, des guerriers, des féticheurs, comme autrefois, dans les chansons de geste, la voix des soldats et des ménestrels. Ce livre tragique et violent est aussi un livre d'images, un conte fabuleux et un document sur la vie du peuple zoulou à la veille de l'arrivée des Oum'loungou, les Hommes Blancs. C'est bien là la force des grands poèmes épiques. Ils sont à la fois les livres d'un peuple, pleins de la vérité terrestre et les messages secrets de l'au-delà. Chaka, symbole de la grandeur et de la chute de l'empire zoulou, par son aventure exemplaire nous révèle un autre monde où les vérités essentielles sont encore vivantes. Alors, écoutant cette parole pleine de force, nous reconnaissons notre propre aventure, qui va du réel au magique."

 Biographie de l'auteur

Thomas Mofolo (1875-1948) est un écrivain du Lesotho de langue sesotho. On le considère généralement comme le premier romancier africain du 20e siècle
Il grandit au Basoutoland, et il est éduqué par des missionnaires européens présents dans le pays.
À la fin de ses études, il travaille pour eux jusqu’en 1910. Ils l'encouragent à écrire. Influencé par Marie Corelli, Haggard, et John Bunyan, il a tout d’abord rédigé Moeti oa bochabela (Le Voyageur de l’Ouest), paru en feuilleton en 1906 et publié en 1907.
Ensuite, Mofolo écrit Pitseng, publié en 1910. Après un voyage dans le Natal où il a visité les terres zouloues et la tombe du roi Chaka, il écrit Chaka. L’œuvre gêne les missionnaires qui retardent sa publication jusqu’en 1925. Mofolo quitte la mission et cesse partiellement d’écrire.
On ne sait pas exactement pour quelle raison Mofolo a quitté Morija et la mission. Certains pensent qu'il a été déçu des obstacles opposés par les missionnaires à la publication de Chaka. D'autres évoquent la possibilité d'un adultère découvert.
Suite à son départ de Morija, Mofolo devient recruteur pour des mines, propriétaire d’un comptoir commercial, puis fermier.
Après la Première Guerre mondiale, il adhère à une association de défense des droits des Basotho, la Basutoland Progressive Association.
À la fin de sa vie, il se verra confisquer ses terres, achetées à un fermier blanc en 1937, et mourra probablement dans la misère.

Date première édition: février 1925

Editeur: Gallimard

Genre: Roman

Mots clés :

Notre avis : 8 / 10 (1 note)

Enregistré le: 28 août 2021



Gislaine
Appréciation de lecture
Chaka : Une épopée bantoue
Appréciation : 8 / 10
Commentaire #1 du : 03 décembre 2021
Le livre "Chaka" de Mofolo entre histoire et légende ?

Chaka, un personnage réel ayant existé, serait né d’une union illégitime entre Nandi, princesse Langeni, et Senza Ngakona, chef de clan de l'ethnie Nguni. Son père ayant déjà 4 femmes, Chaka fut considéré comme batard. Humilié et maltraité il passa son enfance avec sa mère réfugiée elle-même chez les Qwabe. Vers 1800, Chaka part chez Dingiswayo, souverain des Bathwetwa. Il devient un excellent guerrier. Le féticheur Issanoussi le prend en main et complète son initiation.

À la mort de son père, l'un de ses demi-frères de Chaka, sera tué dans une bataille. Chaka gouverne donc le clan familial. Puis Dingiswayo étant tué par Zwide, Chaka prend sa place de chef. Les réformes de la société traditionnelle commencent. Il impose la langue zouloue. Les tribus conquises sont assimilées par la force. Le service militaire est obligatoire. La circoncision est supprimée. La vie de guerrier dure de 16 ans à 60 ans. Le mariage n'est possible qu'à partir de 30 ans. Il peaufine sa stratégie militaire d'attaque "en tête de buffle" et de terre brulée grâce aux régiments "rouges" : les impi ebumbu. À la tête de 100 000 hommes, ainsi que 500 000 hommes des tribus voisines soumises, Chaka s'étend vers l’ouest et vers le sud et combat les Tembou, Pondo et Xhosa (ethnie de Mandela). Ils sèment la terreur chez les Nguni, les Swazi et les Sotho. En 10 ans, Chaka se taille un empire plus grand que la France. Les vieillards des peuples vaincus sont supprimés, les femmes et les jeunes incorporés. Les guerriers qui rentrent d'une bataille sans leur arme (sagaie courte pour favoriser le corps à corps) sont éliminés. Massacres des "couards".

Vers 1821, 3 généraux de Chaka partent conquérir l’Afrique australe et soumettent d'autres peuples.

À la mort de sa mère Nandi en 1827, Chaka fit exécuter plus de 7 000 personnes. Pendant un an, les gens mariés n’ont plus le droit de vivre ensemble et il est interdit à tous de boire du lait. C'est la tyrannie. Il meurt poignardé en 1828.

Pour les Zoulous, c'est un personnage complexe. Ce fabuleux guerrier a unifié les chefferies pour en faire une grande nation allant de la chaîne du Drakensberg à l'océan Indien. Il est parfois comparé à Napoléon. Ses demi-frères Dingane (1828-1839) et Mpande (1839-1872) ont continué sa politique centralisatrice.

Thomas Mofolo (1877-1948) écrit ce roman en langue Sotho en 1911. Il ne sera publié qu’en 1925. En fait, Mofolo a été instruit par des missionnaires chrétiens qui n’approuvaient pas son manuscrit.
Chaka a été traduit en anglais en 1931 puis en français en 1940.

Ce roman est intrigant et questionne encore 100 ans après son écriture, car il décrit le totalitarisme et l'eugénisme que l'Europe connaitra plus tard ...
Dernière édition : 06 décembre 2021, 10:05:23 par moderateur  

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