Les amis de la bibliothèque

L'enfant et sa famille ont été condamnés à cause de la révolution culturelle mise en place par Mao et parce que le père de famille est qualifié de 'droitiste' (extrait : "il fallait faire attention à chaque parole que l'on prononçait. Le moindre mot de travers -c'est-à-dire susceptible de déplaire à un cadre du Parti- vous attirait de gros ennuis, on devenant soudain un 'méchant'...c'est ainsi que surgit le nouveau concept de "droitiste") à vivre à la campagne dignement mais dans le dénuement ; leur quotidien est décrit dans des chapitres parfois très courts, qui décrivent d'une manière imagée, empreinte fréquemment de poésie, parfois d'une extrême dureté, les témoignages d'une vie où l'on possède bien peu...où la nature prend une place prépondérante et où on savait créér des objets ou des jouets

exemples : "temple"
'j'ai vécu mes premières années dans une maison étrangement haute et spacieuse. Un temple...Ce que nous appelions notre "maison" était un petit recoin du temple. Il y faisait toujours très sombre...nous n'avions qu'une minuscule lampe à huile qui diffusait une très faible lumière jaune...nous avions l'impression d'être engloutis au coeur d'une nuit sans étoiles, épaisse et noire...le vacarme des oiseaux qui me réveillait tous les matin est mon premier souvenir.

: "maisons de paille"
dans cet environnement on trouvait des hirondelles, des moineaux, des chauves-souris, des abeilles, des araignées,des grillons...
"maisons de pauvres, ces habitations de paille étaient aussi de petits univers débordant de vie et révélant, au fil des saisons, leurs gloires et leurs splendeurs"

: "nids"
"chercher des nids et en déloger les oeufs était l'une de nos activités préférées ; la plupart des garçons s'amusaient à déloger les nids de moineaux. Les adultes nous y encourageaient, les moineaux pillaient les réserves de grains. Avec les rats, les moustiques et les mouches, ils formaient les 'quatre classes nuisibles' du règne animal des ennemis à exterminer."

: "nuages"
"l'un de nos jouets était insaisissable et pourtant si proche. Les nuages de septembre...calmes et posés, nous scrutions le ciel durant de longues heures, assis sur un pont ou un muret, dans un champ ou au bord d'une rivière. Nous étions captivés par les silhouettes d'animaux que nous devinions...un grand nuage blanc prenait la forme d'un cheval au galop. En quoi le cheval allait-il se transformer ?

Nous regardions les nuages pour flâner dans notre zoo intérieur. Chameau, cheval, lion, ours, tous les animaux, même ceux que nous n'avions jamais vus, défilaient sous nos yeux.

La nature nous prépare à comprendre le monde.
Il faut la regarder pour percer son mystère.
La nature est dans le ciel, dans tes prunelles et dans ton âme.
Je suis ce que je vois."

: "champs de blé"
"le spectacle du blé qui verdit est terriblement émouvant. Il annonce l'épanouissement du printemps...La terre semble se craqueler de toutes parts. Les pousses de blé restent silencieuses...toute la nature se réveille. Et puis il y a l'odeur du sol, un mélange envoûtant de lumière, de terre, d'eau et de blé.
Une odeur divine que je ne pourrai jamais oublier"

Beaucoup d'autres exemples du quotidien nous sont donnés au cours du récit



Cependant des remords reviennent dans ses souvenirs :

"...voilà comment au cours de l'année 1976, un garçon de douze ans a participé à des actes infâmes.
Oui je n'étais qu'un enfant.
Ces atrocités m'ont procuré une certaine excitation.
J'ai éprouvé le mal en moi.
Cela fut et ne doit jamais être oublié."

Malgré cette existence 'à la dure' il s'est construit...