Les amis de la bibliothèque

Eduardo Fernando Varela a confié à propos de son roman : “La Patagonie est un océan où mes personnages flottent à la dérive”

La Patagonie est un personnage à part entière de même que le camion conduit par Parker. Une poignée de personnages improbables complète ce huis-clos à ciel ouvert. C’est un road-trip dans une nature grandiose au climat très oppressant.
J’ai beaucoup aimé “rouler” avec Parker, qui doit livrer sa cargaison de fruits jusqu’à Buenos Aires. Sa solitude lui tient compagnie. Les noms de lieux sont évocateurs : Saline du Désespoir, Mule Morte, Indien Méchant… et puis il y a le vent. D’ailleurs le titre original est “La marca del viento”.

“ - Prenez la nationale tout droit, après-demain tournez à gauche, lundi vous tournez à droite et vous continuez jusqu'à l'Atlantique. C'est le seul océan, vous ne pouvez pas vous perdre.”

Parker croise le chemin d’individus marginaux et rencontre Maytén. Ce n’est pas inintéressant, mais je me suis un peu lassée d’un certain flottement dans les propos. Quelques pages de trop peut-être ?

C’est un roman d’atmosphère, de no man’s land où les humains sont perdus dans leurs errances. Les rencontres et instants de bonheur sont éphémères.
Faut-il chercher plus de profondeur dans ce vagabondage et faire un parallèle avec notre destin ?

Extraits :
- C'est pas le temps qui manque, regarde tout ce temps qu'il y a ici, dit-elle en indiquant de la main le paysage vide.

- Ici personne n'est d'ici, ils viennent tous d'ailleurs. Ceux qui étaient d'ici n'existent plus.
Il se demandait plusieurs fois par jour ce qu'il faisait là et chaque fois la réponse était différente. Mais ces tentatives d'explication lui importaient peu, elles ne servaient qu'à combler le vide immense ouvert par l'incertitude et la solitude.

Dans ces régions vertigineuses, les rêves nocturnes étaient tellement intenses et réalistes qu'on en était un peu étourdi pendant plusieurs jours, en proie à un balancement intérieur qui altérait l'équilibre des sens.