Textes et images choisis
Mange ta soupe... Jean Cocteau
Mange ta soupe.
Tiens-toi droit.
Mange lentement.
Ne mange pas si vite.
Bois en mangeant.
Coupe ta viande en petits morceaux.
Tu ne fais que tordre et avaler.
Ne joue pas avec ton couteau.
Ce n'est pas comme ça qu'on tient sa fourchette.
On ne chante pas à table.
Vide ton assiette.
Ne te balance pas sur ta chaise.
Finis ton pain.
Pousse ton pain.
Mâche.
Ne parle pas la bouche pleine.
Ne mets pas tes coudes sur la table.
Ramasse ta serviette.
Ne fais pas de bruit en mangeant.
Tu sortiras de table quand on aura fini.
Essuie ta bouche avant de m'embrasser.
Cette petite liste réveille une foule de souvenirs, ceux de l'enfance…
C'est très longtemps après qu'on arrive à comprendre qu'un dîner peut être un véritable chef-d'œuvre. "
Jean COCTEAU, Petite lettre à la dérive.
Une dame au restaurant
Une vieille dame s'arrête un soir sur un restaurant d'autoroute. Une fois commandée au comptoir, elle prend sa soupe puis va s'asseoir toute seule à une table. Elle se rend compte qu'elle a oublié de prendre du sel. Elle se lève, erre un peu dans le restaurant avant d'en trouver, et retourne à sa table. Mais en revenant, elle y trouve assis un homme, un noir, qui plonge sa cuillère dans le bol de soupe et la mange lentement.
« Oh! Il a du culot ce noir! pense la brave dame.
Je lui apprendrais bien les bonnes manières. »
Mais elle s'assied sur le côté de la table, et charitablement le laisse manger un peu de sa soupe. Tirant un peu le bol à elle, elle plonge sa cuillère elle aussi, cherchant à partager au moins cette soupe avec lui. Le noir retire doucement le bol vers lui, et continue de manger. La dame se remet à le tirer légèrement vers elle, pour pouvoir y avoir accès. Et ils finissent la soupe ainsi. Alors le noir se lève, lui fait signe de patienter, et revient avec une portion de frite énorme, qu'il partage avec elle, comme la soupe. Enfin ils se saluent, et la dame part aux toilettes. Mais quand elle revient, elle veut prendre son sac pour partir, et découvre qu'il n'est plus au pied de la chaise.
« Ah! J'aurais bien dû me méfier de ce noir! »
Elle hurle dans tout le restaurant, criant au voleur, jusqu'à ce que finalement on retrouve son sac, posé au pied d'une table où repose un bol de soupe refroidi... son bol auquel personne n'a touché.
C'était elle qui s'était trompé de table et avait partagé le repas de l'homme.
Source : http://www.toujourspret.com/techniques/feu_sacre/reflexions/bol_de_soupe.php
J'aime pas la soupe (Bérurier Noir)
Mange la quand même
Elle est bouillante
Souffle dessus
Y a pas de sel
Pour nous non plus
Ça m'fait vomir
Ça t'f'ra grandir...
Ya trop de poivre
Ça rend poli
Y a pas de croutons
T'as des goûts de luxe
Y a pas de cuiller
Il y a tes doigts
Y a pas d'assiette
Lèche la par terre...
Y a pas de cuiller
Il y a tes doigts
Y a pas d'assiette
Lèche la par terre
Mais y a pas d'soupe
Rien n'est parfait
Mais y a pas d'soupe
Lèche la poussière...
J'aime pas la soupe
Mange la quand même
J'aim' pas la soupe Mang' la quand même
J'aim' pas la soupe Mang' la quand même
J'aim' pas la soupe Mange l' quand même...
J'aim' pas la soup' (X 7)
J'aim' pas ta soupe.
Tchack Tchack Tchack Tchabalatchak (X 4)
Huuuuuuuuuummmmmmmm J'aime pas ta soupe !
Tchack Tchack Tchack Tchabalatchak, etc.
Whaou.
Soupe à l'ortie
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Hacher finement les feuilles d'orties, la laitue et le cerfeuil.
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Faire fondre, très doucement, le tout dans un peu de beurre.
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A la purée ainsi obtenue, ajouter 50 grammes de beurre puis mouiller avec le bouillon de pot au feu.
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Saler, poivrer et laisser cuire un quart d'heure.
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Lier avec trois jaunes d'œufs.
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Au moment de servir, verser ce potage sur des tranches de pain préalablement grillées et beurrées.
La soupe de Boucle d'or
(...) Alors comme elle était bien curieuse de savoir qui pouvait vivre ici elle entra.
En arrivant dans la salle à manger elle remarqua sur la table trois bols de soupe.
Elle s'approcha du grand bol, celui du grand ours, goûta la soupe et la trouva bien trop chaude.
Elle s'approcha alors du moyen bol, celui du moyen ours, goûta la soupe et la trouva bien trop salée.
Elle s'approcha enfin du petit bol, celui du petit ours, goûta la soupe
et la trouva tellement à son goût qu'elle la mangea jusqu'à la dernière goutte.
Les trois ours, comme ils avaient terminé leur petite promenade, rentrèrent à la maison.
Le grand ours voyant son bol s'écria:
"quelqu'un a touché à ma soupe !!"
Le moyen ours voyant son bol s'exclama:
"quelqu'un a touché à ma soupe !!"
Le petit ours regardant son bol dit:
"quelqu'un a mangé toute ma soupe !!"
Les petits pois
" C'est facile, d'écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée.
Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchés - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l'intérieur, paisible, familière.
De temps en temps, on relève la tète pour regarder l'autre, à la fin d'une phrase ; mais l'autre doit garder la tête penchée - c'est dans le code. On parle de travail, de projets, de fatigue - pas de psychologie. L'écossage des petits pois n'est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps.
Il y en aurait pour cinq minutes, mais c'est bien de prolonger, d'alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier.
C'est doux ; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l'on s'étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis : - Il y aura juste le pain à aller chercher. "
Philippe Delerm (Extrait de La première gorgée de bière)
La Tailleuse de Soupe, 1933, François-Émile Barraud
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Le Renard et la CigogneCompère le Renard se mit un jour en frais,
JEAN DE LA FONTAINE (1661-1695)
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